Consommation médicale et désengagement de la Sécurité sociale : l’équation se complique pour les complémentaires santé
Les incertitudes politiques pesant sur le budget 2026 sont bien trop lourdes pour se risquer à prévoir le futur. Mais une chose est certaine : les évolutions de la consommation médicale et les effets du désengagement de la Sécurité sociale pèsent aujourd’hui, et pèseront demain sur l’économie de la santé et les comptes des assureurs complémentaires.
Au mois de juin 2025, le Comité d’alerte sur les évolutions des dépenses de l’Assurance maladie prévenait d’un risque sérieux de dépassement pour l’année en cours : l’ONDAM 2025 (Objectif national de dépenses d’assurance maladie), fixé à 265,9 M€ et déjà réévalué de 3,4 % en comparaison de 2024, devrait connaître en fin d’année une évolution significative de plusieurs milliards d’euros.
Son de cloche similaire à la Commission des comptes de la Sécurité sociale : ce même mois de juin, elle annonçait que le trou du régime général de la Sécurité sociale atteindrait 21,9 milliards d’euros en 2025, soit 6,6 milliards de plus qu’en 2024.
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La consommation médicale affiche une augmentation constante
Ces différents chiffres témoignent de la difficulté à maîtriser la consommation médicale. Peut-elle d’ailleurs l’être ?
Face à une population qui vit plus longtemps, part plus tard à la retraite et nécessite donc plus de soins, face aussi à des traitements médicaux certes plus efficaces, mais plus innovants et donc plus chers, la tendance macroéconomique va clairement vers plus de consommation médicale. Selon la DRESS, celle-ci a cru de 5,2 % entre 2022 et 2023. 2024 suit la même tendance.
Certains postes de santé connaissent toutefois des évolutions inquiétantes. Trois d’entre eux sont visés par le Comité d’alerte sur les évolutions de dépenses de l’Assurance maladie.
- Les soins de ville semblent relativement maitrisés, mais les indemnités journalières versées en cas d’arrêt de travail, explosent. Ainsi entre janvier et avril 2025, elles ont augmenté de 6,7 % par rapport à la même période de l’année précédente.
- Le prix et la consommation des médicaments maintient sa trajectoire haussière. Des réformes ont été lancées et les prix continuent d’être négociés avec les entreprises du médicament. Mais les économies attendues tardent à porter leurs fruits.
- Enfin, les établissements publics de santé continuent d’enregistrer des pertes croissantes. En 2024, le budget principal de 66 % d’entre eux serait en déficit. Leur déficit consolidé atteindrait entre 3 et 3,2 Md€ en 2024, contre 2,3 Md€ en 2023 et 0,1 Md€ en 2020.
Les dépenses de santé et les tarifs médicaux font bondir les comptes des assureurs complémentaires
Si la hausse de la consommation médicale impacte les comptes de la Sécurité sociale, elle provoque aussi un effet domino sur les comptes des complémentaires santé. Pour les contrats collectifs, la progression des dépenses sur tous les postes de soin est estimée à +7,5 % en 2024 ; les hausses sont particulièrement notables en dentaire, hospitalisation et consultation médicale.
Autre facteur de tension, de nombreuses revalorisations de tarif ont eu lieu sur la période 2024/2025. Elles sont bien sûr nécessaires pour les professionnels de santé. Mais elles restent couteuses pour le système, et donc pour les complémentaires santé :
- consultation chez les médecins généralistes passée à 30 euros en 2025 ;
- acte de base en kinésithérapie en progression de 12 % et revalorisations diverses pour les actes dentaires ;
- évolution du dispositif MonPsy ;
- nouvelle tarification des transports médicaux.
La Sécurité sociale privilégie les transferts de charge vers les organismes privés
Pour les complémentaires santé, le tableau s’alourdit encore avec les transferts de charge opérés par la Sécurité sociale.
Le gouvernement est certes revenu sur son projet d’abaisser de 70 à 60 % le taux de remboursement de toutes les consultations médicales par la Sécurité sociale en 2025. Mais il avait déjà opéré en 2024 un transfert important pour les soins dentaires. Leur prise en charge était ainsi passée de 70 à 60 %, avec un surcoût de l’ordre de 500 millions d’euros pour les complémentaires santé.
La mise en place du dispositif 100 % Santé en 2021a également eu des répercussions importantes. Selon la DRESS, elle avait occasionné en 2021 une hausse de près d’un milliard d’euros du coût des remboursements par les complémentaires. Depuis, le dispositif a continué de croitre, avec notamment des chiffres en forte hausse en 2023 : +17,9 % de consommation en optique et +6,9 % en dentaire. L’année 2025 devrait s’inscrire dans la même tendance, avec désormais l’obligation de prendre en charge les fauteuils roulants et les prothèses capillaires pour les personnes traitées par chimiothérapie.
La tendance reste à la hausse pour les cotisations
Dérives techniques, hausse de la consommation médicale, transferts de charge de la Sécurité sociale…Tenues par l’obligation légale d’être à l’équilibre financier, les complémentaires santé sont contraintes par la hausse des coûts de la santé sans disposer de réelles marges de manœuvre pour absorber ces coûts supplémentaires.
En 2024, l’augmentation moyenne de leurs cotisations avait été de l’ordre de 8 %. Il est encore trop tôt pour dresser le bilan de l’année 2025 et indiquer des projections précises pour 2026. Mais la tendance reste orientée à la hausse. L’augmentation structurelle des coûts de la santé risque une nouvelle fois de se heurter à la volonté du gouvernement de réaliser des économies. Avec à la clef des déremboursements potentiels et de nouveaux transferts vers les organismes privés.
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