L’impact des arrêts maladie sur la prévoyance collective
Depuis la crise Covid, le nombre d’arrêts du travail augmente de manière quasi-continue. Cette hausse pèse non seulement sur les entreprises, mais aussi sur le système de santé et les assureurs. Quelles solutions pour maîtriser ces coûts ?
Des arrêts de travail toujours plus nombreux
Les arrêts du travail poursuivent leur trajectoire à la hausse. D’après les chiffres fournis par l’Assurance Maladie(1), le nombre d’indemnités journalières croît de 6 % par an. Son coût atteindrait 10,2 milliards d’euros en 2023 avec, dans la moitié des cas, une durée de plus de six mois par arrêt. En 2025, 4 salariés français sur 10 se seraient vus en prescrire au moins un.
La France n’est pas la seule à être touchée par cette hausse des arrêts maladie. Selon les chiffres de l’OCDE, notre pays se situe dans la moyenne européenne. Des pays comme l’Espagne, la Norvège, le Luxembourg, et même l’Allemagne, enregistrent des chiffres supérieurs. Cette croissance continue des arrêts de travail depuis la crise de la Covid inquiète et engendre des coûts importants.
Comprendre la hausse des arrêts de travail
Nature des arrêts longue durée
Selon l’Assurance Maladie, les arrêts maladie longue durée ne concernent pas majoritairement des personnes en Affections longue durée (ALD), mais de salariés souffrant de lombalgies et de syndromes dépressifs mineurs. Or les recommandations scientifiques suggèrent des durées d’arrêt bien plus courtes pour ce type de pathologies. Selon les chiffres remontés par l’Assurance Maladie, les contrôles médicaux montreraient que plus de 50 % des arrêts de plus de 18 mois seraient injustifiés.
Le rôle de l’entreprise et des conditions de travail
Les conditions de travail offertes aux salariés jouent un rôle déterminant dans l’absentéisme. De nombreuses pistes d’actions sont d’ailleurs considérées avec attention par les organisations :
- meilleure prise en compte des risques psychosociaux ;
- ergonomie des postes de travail ;
- sécurité ;
- prévention ;
- amélioration de la qualité de vie au travail.
Le rôle des mesures de contrôle
Pour encadrer les arrêts maladie et limiter les abus, le gouvernement a mis sous contrôle, en 2024, les médecins maintenant un niveau de prescription élevé pour les arrêts maladie (« Mise sous objectif » et « Mise sous-accord préalable » préalable – MSO/MSAP).
Les arrêts de travail sont-ils devenus un outil de gestion RH ?
La seconde de ces responsabilités est plus sourde et diffuse. Elle concerne essentiellement les grandes entreprises : celles-ci n’utiliseraient-elles pas, ponctuellement, les arrêts du travail pour régler des situations délicates au travail ?
Les plus grandes entreprises disposent en effet toutes de contrats de prévoyance collective qui garantissent le maintien des salaires en cas d’arrêt de travail. Partant de là, il est tentant de vouloir « rentabiliser » le contrat de prévoyance collective pour un salarié avec lequel l’entreprise est en difficulté du fait des conditions de travail (surcharge mentale, harcèlement, problèmes de management, etc.). Si celui-ci se met en arrêt, il ne coute alors plus grand chose à son employeur : ses indemnités sont prises en charge à parts égales par l’Assurance Maladie et par le contrat privé de prévoyance. La situation peut alors s’éterniser sans difficulté, d’autant plus que le salarié se montrera certainement plus ouvert à un départ après plusieurs mois éloigné de l’entreprise.
Autrement dit, et sans en aucun cas minimiser l’impact de l’absentéisme pour une entreprise, le système de prise en charge des arrêts de travail peut avoir des effets pervers. Près de 40 000 salariés seraient aujourd’hui en arrêt longue durée, sans réel suivi de la médecine du travail et des services RH.
L’impact de l’augmentation des arrêts maladie sur la prévoyance collective
Ces différents points témoignent de la question centrale du coût de la prise en charge des arrêts maladie. Si l’entreprise en est victime – désorganisation, perte de productivité, diminution de la performance… –, le système actuel la met à l’abri de leur financement. Du moins dans un premier temps. La hausse des arrêts de travail coute cher à la Sécurité sociale, mais aussi aux assureurs. En 2024, ces derniers auraient réglé 6,7 milliards d’euros de prestations d’arrêts de travail. Conséquence : ils ont tendance à augmenter leurs cotisations..., cotisations qui sont à leur tour réglées par les entreprises.
Quelles solutions face à l’absentéisme ?
Sensibiliser aux arrêts de travail abusifs
Pour lutter contre l’augmentation des arrêts de travail, il n’existe pas de réponse unique mais un champ de responsabilités partagées. Le sujet de la santé des personnes est certes extrêmement sensible. Mais les salariés peuvent être sensibilisés sur les dangers d’un recours excessif, voire abusif à l’arrêt de travail. Même logique auprès des médecins et de l’Assurance maladie, dont le rôle de contrôle et d’accompagnement des personnes doit être souligné et renforcé.
Déployer une culture de prévention
Les entreprises sont attendues sur les solutions à mettre en place pour limiter l’absentéisme. La question de la prévention est centrale et de nombreuses pistes existent :
- qualité de vie au travail ;
- accompagnement psychologique ;
- audit des risques psychosociaux.
Partant de là, des mesures peuvent être mises en place pour mieux écouter les salariés et davantage former les managers à la prévention de ces risques.
Dans cette démarche collective, les assureurs comme CNP Assurances ont développé des outils pour aider les entreprises. Ils disposent de solutions pour analyser les causes du phénomène et de services pour à la fois réduire l’absentéisme et améliorer la qualité de vie au travail. C’est bien grâce à une prise de conscience partagée et à la complémentarité des solutions apportées qu’un frein pourra être mis aux effets néfastes pour tous des arrêts maladie.
Les informations présentées dans cet article sont basées sur les données disponibles à la date de publication. Celles-ci sont susceptibles d'évoluer avec le temps. Nous vous invitons à consulter les mises à jour ou à vérifier les sources officielles pour des informations actualisées.
Sources :
Qualité du système de soins et maîtrise des dépenses
Le coût des arrêts maladies
Dispositif MSO-MSAP 2025-2026
Retraite progressive, arrêts de travail, congés payés, prélèvements : la rentrée 2025 est riche en nouveautés fiscales et réglementaires pour les entreprises. Que faut-il retenir des mesures entrées en vigueur depuis le 1ᵉʳ septembre 2025 ?
En 2025, la baisse des augmentations de salaire se confirme. La tendance globale demeure certes à la hausse pour les trois dernières années. Mais elle ne parvient pas à compenser l’inflation de la période 2022-2024. Avec pour conséquence une perte de pouvoir d’achat pour les salariés. Qu’attendre
Malgré une inflation maîtrisée, le pouvoir d’achat reste une priorité pour les salariés et pour les entreprises. Comment agir sans alourdir la masse salariale ? C’est tout l’enjeu de notre webinaire, riche en témoignages et conseils d’experts, que nous vous proposons de (re)découvrir dans cet art